Mes amies, mes amis, comme vous le savez déjà, je suis friand de festivités, tout particulièrement en plein air, les beaux jours venus. En plus des conviviaux Afterwork en Médoc, dont je vous parlais le mois passé, imaginez donc quelle ne fut pas ma joie d’apprendre que la propriété accueillait un dîner au sommet le 10 juillet dernier, dont voici le récit…
En ma qualité de Marquis, il m’a été donné de participer à de nombreuses et fastueuses festivités pour lesquelles je confesse un goût immodéré, en gai luron que je suis. Alors, pensez-vous, quand on m’a annoncé un dîner en l’honneur des « Vendanges du 7e Art », je n’ai pas tempéré mon enthousiasme ! Alors que j’imaginais déjà, tout à mon ravissement, quel habit de fête et quelle perruque poudrée j’allais revêtir, élus dans mon impressionnante penderie, une question pleine de bon sens surgit soudainement à mon esprit. Si l’intitulé de cette soirée sonnait éminemment bien à mes oreilles, je ne savais en réalité guère ce dont il retournait exactement… Empressé d’élucider ce mystère, je me mis donc à fureter sur la propriété à la recherche d’un indicateur avisé.
Dans ma quête du Graal, en passant devant la boutique, voilà que je croise la douce Marine, assistante œnotourisme et communication du château. Je l’entreprends donc : « ma chère, j’ai ouï-dire qu’une réception de haut-vol se profilait ce 10 juillet. Très précisément que la propriété accueillait le jury des » Vendanges du 7e Art », exposais-je. Seulement, si cette fête me semble tout à fait délicieuse, je dois concéder que je n’ai pas l’once d’un pépin d’idée de ce dont il s’agit… Pouvez-vous illuminer l’esprit du modeste Marquis que je suis, je vous prie ? »
Après m’avoir attentivement écouté, elle m’interroge immédiatement : « Marquis, vous avez déjà entendu parler de cinéma, n’est-ce pas ? » J’acquiesce en dodelinant de la tête, et lui confirme avoir découvert cette fabuleuse invention à l’occasion du festival de Cannes, lorsque l’exquis directeur Ludovic David et la non-moins exquise Sandrine Chamfrault se sont rendus sur le tapis rouge pour y faire briller les couleurs du domaine.
C’est alors que l’évidence me frappe : mais c’est bien sûr, le cinéma est le 7e Art ! Amusée, la jeune femme sourit à ma découverte du jour. Et poursuit en m’expliquant : « chaque année depuis cinq ans, le festival international du film en Médoc, baptisé » Les Vendanges du 7e Art », prend ses quartiers à Pauillac. Pendant cinq jours, il propose des projections de films en salle ou en plein air, des stars du petit et grand écran viennent à Pauillac rencontrer le public lors de différentes animations, et un jury d’acteurs et comédiens élit le prix international et le prix jeune public parmi des films présentés en avant-première. »
Grâce à Marine, la lumière m’irradie : à n’en point douter, c’est ce jury qui est convié le temps d’un soir au château sous les étoiles. J’attendis donc avec impatience le mercredi 10 juillet, et, lorsque ce jour arriva enfin, je passai une délicieuse et spirituelle soirée estivale, attablé en compagnie de « stars » (il paraît que c’est ainsi qu’on les nomme dans la langue de Shakespeare, mais personnellement, je préfère rester fidèle à celle de Molière !)
Au cours de ce repas avec ces brillantes « étoiles », donc, scrutant avec attention ma perruque et mon habit des grands soirs, la ravissante Zoé Felix me demanda, l’air songeur, si je planifiais une représentation sur les planches dans la soirée. Je lui répondis que je n’avais rien prévu de tel à si courte échéance, mais restai néanmoins estomaqué par ses talents de fine observatrice. Comment diantre avait-elle décelé que je pratiquai jadis avec brio l’art oratoire..?!
Apparemment charmés par mon charisme légendaire et ma verve, les talentueux Christophe Lambert et Michel Hazanavicius se sont proposés de m’ériger en personnage principal d’un futur blockbuster (je dus me contenter de remercier et sourire d’un air entendu, avant de m’enquérir de ce terme barbare pour mesurer l’incommensurable potentiel qu’ils soupçonnaient en moi !)
Quant au sémillant François-Xavier Demaison, trouvant ma personnalité « atypique et flamboyante », et mon « humour charmant », selon ses propres mots, il sondait mon envie de créer avec lui un « two-men show » entre gentlemen.
Ne l’ébruitez pas, mais je crois bien que cette soirée sous les étoiles dans le parc du château marque ma naissance comme l’étoile montante du théâtre et du cinéma français !